Tout commence en 1865, par des pamphlets contre l’Empereur, chez François Polo, libraire républicain. Ce qui deviendra Tallandier s’ouvre sur un refus, une résistance. Georges Decaux va y ajouter la couleur. On est en 1875, la photo est partout, le cinéma va naître, les lecteurs veulent tout voir, tout savoir : la Librairie Polo devient Librairie Illustrée. Après vingt-cinq ans d’inventivité et de succès, elle est rebaptisée Librairie Jules Tallandier, du nom du jeune associé devenu propriétaire. Le siècle s’ouvre. D’emblée, Jules Tallandier impose l’histoire comme ligne éditoriale. Sous forme de fascicules, puis de deux grands in-quarto, il publie la monumentale Histoire de la guerre de 1870 du colonel Rousset. Des journaux, puis des livres, déjà le parti pris de faire lire le plus grand nombre. Sur le même modèle, il impose la bande dessinée et lance Benjamin Rabier (Hergé se réclamera toute sa vie du dessinateur de Tintin Lutin) par des périodiques pour adolescents : Le jeudi de la jeunesse, Mon bonheur, Le Journal Rose ou surtout Le Journal des voyages, qui publiera le premier article de Charles de Gaulle, une nouvelle, d’aventure et d’action, forcément. En 1908, Jules Tallandier crée Lisez-moi, bientôt suivi d’un Lisez-moi bleu et de Lisez-moi Historia (qui deviendra Historia). En feuilletons puis en livres, les uns nourrissant les autres et réciproquement, Jules Tallandier s’impose alors comme l’éditeur majeur de ces genres qu’on dit aujourd’hui mineurs : le « roman d’aventure » (Louis Boussenard, Salgari, Paul d’Ivoi…), le « roman populaire » (Jules Mary, Michel Zevaco, Arthur Bernède, les premiers Simenon, le premier Maigret…) ou le « roman mystérieux » rebaptisé depuis roman policier. Avec la guerre de 1914, l’histoire revient en première ligne. Dès les premiers jours du conflit, Jules Tallandier lance Panorama de la Guerre, une publication bi-mensuelle, très vite hebdomadaire, 35 millions de fascicules vendus. Et puisqu’il faut aussi distraire les combattants et leurs familles, que le papier est rare, Tallandier invente Le Livre de Poche (marque déposée en 1916). De petits livres très courts, qui vont imposer ce genre qu’on appellera beaucoup plus tard « roman sentimental » : Delly, Max du Veuzit, Magali, Claude Jaunière, Claude Virmonne, Léo Dartey, Concordia Merrel ou Line Droze relayés dans les années soixante, toujours chez Tallandier, par Barbara Cartland. En 1932, à la veille de sa mort, Jules Tallandier crée Le Journal de la Femme, premier « hebdomadaire féminin-féministe ». Il sera interdit par les Allemands en 1942. Deux ans plus tard, Rémy Dumoncel, son gendre, devenu directeur littéraire de la maison, est arrêté, déporté, assassiné en camp pour avoir sauvé des centaines de réfugiés juifs, des écrivains notamment.
Éditions Tallandier. Tout commence en 1865, par des pamphlets contre l’Empereur, chez François Polo, libraire républicain. Ce qui deviendra Tallandier s’ouvre sur un refus, une résistance. Georges Decaux va y ajouter la couleur. On est en 1875, la photo est partout, le cinéma va naître, les lecteurs veulent tout voir, tout savoir : la Librairie Polo devient Librairie Illustrée. Après vingt-cinq ans d’inventivité et de succès, elle est rebaptisée Librairie Jules Tallandier, du nom du jeune associé devenu propriétaire. Le siècle s’ouvre.