Les photographies de Claude Cahun (1894-1954), aujourd’hui l’objet d’un véritable engouement, sont restées quasiment inconnues jusqu’au début des années 80. Sa vie, son œuvre (littéraire et artistique) font de Claude Cahun un être d’exception, en marge par rapport aux ordres dominants (sexuels, sociaux…), à une époque d’exploration (…)
Claude Cahun, née Lucy Schwob (1894-1954), est à la fois écrivain, femme de théâtre, et photographe. Intimiste, poétique et largement autobiographique, l’œuvre de Claude Cahun, qui s’étale sur une vaste période allant de 1910 à 1954 peu avant sa mort, échappe aux tentatives de classification ou de rapprochement. Ce sont sans doute ses autoportraits qui ont suscité le plus d’intérêt. L’artiste s’y sert de sa propre image pour démonter un à un les clichés associés à l’identité. Claude Cahun s’est réinventée à travers la photographie (comme à travers l’écriture), en posant pour l’objectif avec un sens aigu de la performance, habillée en femme, en homme, cheveux longs ou crâne rasé (chose des plus incongrues pour une femme de l’époque). Longtemps méconnue, l’œuvre photographique de Claude Cahun s’est imposée ces dernières années comme l’une des plus originales et des plus fortes de la première moitié du XXe siècle. Elle marque rétrospectivement un jalon capital dans l’histoire du surréalisme tout en faisant écho à l’esthétique contemporaine.
L’exposition du Jeu de Paume, la première de cette importance en France depuis seize ans, réunira un large ensemble d’oeuvres majeures, dont quelques pièces peu connues ou jamais exposées, et mettra en valeur à la fois la diversité et l’unité de la démarche photographique de Claude Cahun.