La balade photographique
Le festival « Chroniques Nomades 13 ème édition » à Honfleur appelle le spectateur, comme autrefois les explorateurs, à partir à la découverte d’horizons nouveaux. Chaque année, le travail de divers photographes présente différentes visions du monde, où la réalité sert de faire valoir à l’imaginaire. Des initiations, des quêtes intérieures, des témoignages et reportages sont présentés, en noir et blanc et en couleur. Des conférences, débats et projections ainsi qu’un festival Off viennent enrichir le festival. Dans un monde tendant de plus en plus à s’uniformiser, à épouser des cultures de masse, le festival essaie de laisser une place à la diversité des cultures, à leur égale dignité.
Chroniques nomades : Une expérience de l’autre
Cette année, huit des dix expositions sont consacrées à l’Asie. Ceci n’est pas le résultat d’une décision délibérée, mais traduit de l’influence et de la fascination grandissantes des photographes occidentaux pour ce continent. Ceci est aussi dû à la présence massive d’artistes venus d’Extrême Orient, principalement de Chine. La présence de l’Asie sur la scène artistique se fait donc de plus en plus sensible.
La chine s’impose naturellement au sein de Chroniques Nomades , sous le regard occidental et sous le regard des autochtones. Solange Brand donne sa vision de la Révolution culturelle en 1966, alors que Yan Changjiang nous livre une réflexion sur la condition humaine, à travers ses clichés des « Paper men ». Marion Gronier essaie de percer des identités en nous livrant des portraits de comédiens et de danseurs. Bruno Delamain quant à lui nous propose la construction du barrage des Trois Gorges.
Cette année marque également le cinquantième anniversaire du soulèvement du Tibet contre l’occupation chinoise, et de l’exil du dalaï lama. Laurent Zylberman réalise un reportage qui dresse le portrait d’un pays sous haute surveillance chinoise, et Wang Gang, artiste chinois, propose une vision apaisée et respectueuse de la culture tibétaine. Le Cambodge est également présent au moment où resurgit un passé tragique, avec le procès si attendu de quelques dirigeants khmers rouges, à Phnom Penh. Isabeau de Rouffignac tente d’apprivoiser ces fantômes du passé, alors que Laurence Leblanc se penche sur l’univers mental des enfants hantés par le non-dit génocide. Enfin, deux expositions sont dédiées au thème du déplacement, avec Gérard Dufrêne qui nous offre sa vision du monde depuis un TGV, et Patrick Mourral qui dresse des portraits d’éternels nomades, ayant adopté le voyage comme philosophie de vie.
Ce festival présente des regards qui s’entrecroisent, venant de cultures et d’opinions différentes, dans une exposition offrant une place et une voix égales à tous les artistes.
par Alexandra Calame