La Maison Européenne de la Photographie présente du 15 avril au 14 juin 2009 quatre expositions, en plus de la rétrospective d’Henri Cartier-Bresson qui a fait l’objet d’un article à part.
Au programme, quatre expositions hétéroclites, comme à l’habitude de la MEP.
Etats de grâce de Gérard Uféra
– « Etats de grâce », la première grande exposition consacrée à Gérard Uféras mérite à elle seule le détour.
On y trouve les photographies des trois séries « un fantôme de l’opéra » réalisée au cours des années 1990, « l’étoffe des rêves » en 2000 et « un pas vers les étoiles », son travail le plus récent (2003-2005)
Qu’il s’agisse des coulisses des grands opéras (notamment de Paris) ou des défilés de mode les plus prestigieux (Givenchy, Sonia Rykiel, Jean Paul Gautier) le regard d’Uféras révèle toute la beauté des mouvements et arrive à capter de vrais instants de grâce...Les mots sont bien vains face à tant de beauté. Uféras trouve aussi de l’humour, dans les mimiques d’un jeune danseur de l’école de danse de l’Opéra de Paris qui font rire à ne plus en pouvoir ses camarades en justaucorps.
Venise aux fenêtres de Riccardo Zipoli
– Le photographe Riccardo Zipoli a sillonné Venise à la recherche de reflets renvoyés par les vitres des maisons. Chaque photographie de « Venise aux fenêtres » est entreposée dans un cadre de bois clair comportant les indications du lieu de la prise de vue ainsi que du lieu reflété. Les images sont également accompagnées d’extraits de poèmes persans de Bidel datant du XVIIème siècle. Les photographies sont souvent présentées par deux, se répondant les unes aux autres dans leur disposition architecturale : balcons fleuris, fenêtres doubles ou triples, etc...La ville est sublimée par une lumière souvent très douce.
Statuaire de François Fontaine
– « Statuaire » de François Fontaine est consacrée à deux séries portant sur les statues : les images ensanglantées des « christs de Salvador de Bahia » évoquent la douleur. Leur répondent des statues parisiennes empreintes de mystère.
Our Fellow Man de Laurent Van der Stockt.
– Au sous-sol, on trouvera « Our Fellow Man » de Laurent Van der Stockt. Ayant couvert de nombreux conflits internationaux, le photographe présente ici des photographies réalisées en Bosnie, en Tchétchénie et en Irak. Le contexte des prises de vue est donné dans les lignes suivantes :
“They give their all” :les forces armées américaines entrent en Irak en mars 2003. Les photographies sont prises au cours d’une dizaine de séjours, depuis le franchissement de la frontière koweitienne jusqu’aux conséquences de l’opération « Phanton Fury ».
“La résistance” :la Tchétchénie est attaquée par l’armée russe entre novembre 1994 et août 1996. Elle le sera à nouveau à partir d’octobre 1999. Les photographies sont prises au cours des voyages répartis entre janvier 1995 et décembre 1999.
“L’enclave” :la Bosnie est en guerre à partir d’avril 1992. La ville de Mostar est attaquée, à partir de mai 1993, sur deux fronts, serbe d’un côté et croate de l’autre. La population bosniaque musulmane, de la partie Est de Mostar, un réduit de quelques kilomètres carrés, est assiégée. Les photographies ont été prises entre septembre et novembre 1993.
Images impactantes et difficiles à regarder. Laurent Van der Stockt présente ces conflits à travers la tragédie qu’elle engendre, lisible tant dans la mort que dans les regards perdus des soldats.
par Mélanie Jourdan