Présentation de l’exposition photographique par Sandrine Huet.
Mon intérêt pour la culture bouddhiste Tibétaine est né lors d’un premier séjour au Népal en mission humanitaire en Juillet 2006. L’année suivante alors que je prépare mon au retour au pays de l’Everest, je découvre au fil de mes lectures une région du Nord de l’Inde aux frontières du Tibet et du Pakistan qui me fascine tant par la grandeur de ses paysages que par la culture authentique qui semble y régner : le Ladakh.
C’est en 2007 que je décide de partir à la découverte de ces terres lointaines avec un seulement un billet d’avion pour Leh (capitale du Ladakh) en poche. Pendant une longue escale nocturne à Delhi je fais la rencontre fortuite d’Angshok, un jeune Ladakhi qui deviendra un ami et le guide précieux qui m’accompagnera lors de mes deux séjours en 2007 et 2008.
Le Ladakh qui signifie « la Terre des cols » fait partie de la chaine de l’Himalaya dans la région indienne du Kashmir Jammu. Cette région appartenait jadis au Tibet Occidental et la culture Tibétaine ainsi que la religion bouddhiste y sont toujours très présentes. Les conditions de vie très rudes rythmées par un climat extrême à une altitude moyenne de 5300m font de cette région une des plus isolées et les moins peuplées de l’Inde.
Ma découverte du ladakh commence par un trek au nord de la route de Lamayuru qui mène à Srinagar, à la frontière du Pakistan, ce trek est communément appelé le « Sham Trek » et traverse les villages de Likir, Yangtang, Hemis Sukpachan et Temisgam. L’année suivante je poursuis mon itinéraire en Royal Enfield 500 sur les routes de la Vallée de la Nubra (Diskit, Hundar, Sumur et Panamik) et de la Vallée des « Hommes Fleurs » dans les villages de Dha et Biama .
Ces errances Himalayennes au « Petit Tibet » sont des ascensions difficiles et parfois éprouvantes, des sentiers et des routes abruptes, sinueuses dans un panorama grandiose de montagnes arides et lunaires aux couleurs irisées et dépourvues de toute végétation. C’est un paysage de désolation hors du commun à perte de vue qui s’étend des cimes enneigées aux oasis verdoyants des vallées jonchées de champs d’avoine, de colza et d’abricotiers. Ce sont des gorges escarpées où se fondent les rivières de l’Indus et du Zanskar, des lacs limpides et miroitants au milieu des déserts de sable.
Le Ladakh est un des joyaux solitaires de l’Himalaya, un pays ou le temps semble être suspendu quelque part au delà des sommets vertigineux, une beauté sauvage et parfois cruelle dans un environnement hostile ou l’homme a su apprivoiser les dangers et les rigueurs du climat et de l’altitude dans un profond respect de la nature et d’un mode de vie ancestral.
“Si je devais parler de ma relation avec la photographie, je dirais que c’est une histoire d’amour qui s’est doucement construite dans le temps et l’espace. Au départ et très jeune l’approche était singulière mais constante.
C’était un moyen comme pour beaucoup d’autres de figer quelques instants d’une vie, constituer un album souvenir de quelques moments de bonheur intimes. Passée l’adolescence, j’ai commencé à voyager seule et j’ai compris alors que la photographie serait mon alliée, un compagnon de route fidèle qui me permettrait de poser un regard sur la beauté de ces terres inconnues que je découvre et qui m’émerveillent.
En 2004, à Grenade j’ai fait la rencontre d’un photographe Andalou Manolo Bello. Son univers photographique m’a fasciné : des images très intimistes qui dévoilent un monde à la frontière du rêve et de la réalité, l’image comme vecteur d’émotions et conteur d’une histoire. Notre amitié sera un élément déclencheur dans ma perception de cet outil qui prend alors un sens créatif et artistique à part entière. Manolo Bello fut pour moi un véritable ami, mais aussi un mentor dans mon évolution, m’encourageant et me guidant dans ma démarche d’apprentissage jusqu’à sa disparition récente en Avril 2009.
Je pense que depuis ce jour, ma relation à la photographie est devenue plus profonde, plus intérieure et innovante.
Je balade mon objectif lors de mes expéditions à travers le monde, telle une spectatrice solitaire, discrète et curieuse de l’esthétique de l’Autre dans son milieu et ses cultures et je poursuis mon apprentissage…
Je crois que le monde n’existe en soi que par le regard qu’on y pose, la photographie est donc devenue pour moi un moyen d’expression et de partage d’émotions, images réelles ou imaginaires, le reflet d’une réalité propre et intime.”
par Sandrine Huet