C’est une histoire d’amour entre les dieux. Krishna à la peau bleue aimait Radha à la peau claire. Il n’était pas content, Krishna, d’être plus foncé que sa bien-aimée. Heureusement les mères des
dieux, comme toutes les mères, ont toujours des idées : elle lui proposa d’appliquer de la couleur sur le visage de Radha. Chaque année, pour la pleine lune de février-mars, toute l’Inde célèbre
cette histoire.
C’est Holi, la fête où tout est permis. Les femmes en sari chic se saoulent de bhang, les foules dans les temples jouent aux groupies rock, chacun se transforme en arlequin
mouvant. Est-ce de la ferveur ou la débauche extrême ? Happy Holi, l’Inde est devenue folle !
Dans cette série autour de la fête de Holi en Inde, Véronique Durruty plonge au coeur de la matière avec ces photos tactiles, au plus près de la peau, entre une réalité extrême où le grain de la peau se
fait palpable et un fantasme coloré, êtres d’imagination, petits hommes verts, bleus, sortis de nos rêves ou tableau qui s’anime, on croit voir tour à tour le Radeau de la Méduse, une Pieta de la
Renaissance, une sculpture de terre d’Ousmane Sow, un tableau de Jackson Pollock ou de Nikki de Saint-Phalle... Donner à voir, « en faire voir de toutes les couleurs », et dans un Tohu Bohu de tous
les sens, donner à sentir, puisque Véronique Durruty propose dans la galerie Le Pictorium une exposition parfumée, où ses photographies sont accompagnées d’une fragrance originale du maître
parfumeur de Firmenich Alberto Morillas, « l’odeur du sacré », inspirée par ses photos de l’Inde.
Donner à écouter, avec un morceau original « Meri Aatma », musique métisse créée par Frank Eulry et Yasmin Shah sur les photographies de Véronique Durruty. Et peut-être plus que tout donner à
toucher, à caresser, au fil d’oeuvres à fleur de peau, tirées sur un papier velours qui en exalte la sensorialité. Compositeur, arrangeur et réalisateur, Frank Eulry collabore avec Jane Birkin, The Corrs, Laurent
Voulzy, Keren-ann, Benjamin Biolay, Berline, Alain Souchon, Patrick Bruel, Jerho, Luz Casal, Renaud, Romane Serda, Lio, Jacques Duvall, Nolwenn Leroy… Lorsque Véronique Durruty lui a demandé de
créer un morceau inspiré par ses photos indiennes, il a souhaité s’associer à Yasmin Shah, un monde à elle seule, Américaine, Portoricaine, Indienne, pour, au travers d’une musique aux origines mêlées, retraduire l’explosion colorée des images de l’artiste.
Firmenich est l’une des plus prestigieuses maisons de création de parfumerie.
Ce sont ses nez qui ont créé de nombreux parfums devenus des classiques de la parfumerie, l’eau d’Issey de Issey Miyake (1992), le Classique de Jean-Paul Gaultier, (1993), Lolita Lempika (1997) ou FlowerByKenzo (2000) Originaire d’Espagne, Alberto Morillas étudie à l’école des Beaux-Arts de Genève. Attiré par les
entreprises locales de parfumerie, il découvre le métier de parfumeur et rejoint Firmenich en 1970 en tant que parfumeur junior. Aujourd’hui Maître parfumeur, ses créations sont innombrables, citons
Essence de Narciso Rodriguez (2009), Daisy de Marc Jacobs (2007), Dolce & Gabbana Light Blue pour homme (2007), SummerByKenzo en 2005, la Cologne de Mugler en 2001, FlowerByKenzo en 2000,
Pleasures de Estee Lauder avec Annie Buzantian en 1995, CK one de Calvin Klein en 1994 avec Harry Fremont… Il a reçu en 2003 le prix François Coty du meilleur parfumeur, couronnant l’ensemble de sa
carrière. Sa fragrance « l’odeur du sacré », inspirée par les photos indiennes de Véronique Durruty, est un accord boisé-ambré-fleuri qui contient notamment du santal, de l’oeillet, de l’encens, un accord sucre-riz, du cèdre et de la rose. « tout se mélange et tout se répond, dans un désordre des sens bien indien : la vue et l’odorat, le parfum et le toucher, le quotidien et le sacré.(…) Un parfum sans fraîcheur, mais avec une densité exagérée, sans air, sans porte ouverte. J’ai mis beaucoup de bois : du santal, du cèdre, du bois fumé imprégné d’encens et d’humidité. J’ai fait vivre cette touffeur avec les fleurs d’offrandes, et un accord gustatif. Comme l’air du temple, j’ai voulu faire une fragrance si présente qu’elle en deviendrait palpable » Alberto Morillas.