Impressions villes

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Du 25 mars au 19 avril, la librairie photographique de Marc Pussemier présente une exposition de Ronan Guillou, photographe récompensé par le Grand-Prix de la première Biennale des Agents Associés en 2007. Cette exposition reflète des « impressions villes » livrées par Ronan Guillou, avec qui nous avons eu la chance de nous entretenir lors de son vernissage, mercredi 1er avril.

Muni de son moyen format, qu’il aime pour son utilisation favorisant la contemplation, Ronan Guillou arpente les villes depuis plusieurs années, à la recherche d’images qui naissent parfois de l’attente, parfois du vif de la spontanéité.

Dans cette exposition, l’univers urbain de plusieurs villes des États-Unis (Philadelphie, Los Angeles, San Diego, Memphis...) est représenté de manière très graphique ; les lignes architecturales semblent épouser à merveille les courbes humaines. Ces images sont différentes à bien des égards des images classiques de villes chaotiques et bruyantes. Ici, le calme prend place, et la photographie vient fixer l’instant en silence.

Ronan Guillou perçoit la ville comme un organisme vivant, qui reflète une harmonie entre les personnages et leurs espaces. Sur ces images aux couleurs profondes, le décor et les hommes forment des compositions esthétiques, incarnant l’idée du photographe selon laquelle les hommes « sont les acteurs inconscients d’une harmonie soudaine ».

C’est le cas de ces femmes noires vêtues de blanc en bord de mer, qui viennent compléter la composition d’un tableau marin monochrome. C’est le cas aussi de cet homme longeant la rue qui, dans son élan, rappelle les lignes qui la divisent, donnant à l’image une même et unique direction.

Perfectionniste, Ronan Guillou marche des kilomètres dans les rues citadines des Etats-Unis et d’ailleurs, capable de revenir sur un lieu plusieurs jours après y être passé, parce qu’il lui semble qu’il a quelque chose à y capter. Toutes ses images sont le fruit d’un seul regard, d’un seul moment, puisqu’il ne retouche aucune de ses photos : « Je photographie la réalité, et je n’ai pas de raison de la changer ».

Cette réalité arrange d’elle-même la composition d’une scène lorsqu’un éclat de lumière vient cacher le reflet d’une personne qui aurait gêné son harmonie. Le résultat est cette scène cinématographique du Dinner, au cours de laquelle un serveur prend sa pause, pareil à un mannequin de cire. Le photographe capte ici en un cliché toute l’âme de l’Amérique.

Dans ces différentes scènes urbaines se trouvent des personnages souvent seuls à occuper le cadre, difficiles à distinguer. De leurs mouvements se dégage un mystère : mais où vont-ils, d’où viennent-ils ? Ce mystère est la force qui pousse Ronan Guillou à en capter quelques bribes, pour qu’en regardant les images, chacun puisse se créer son histoire et laisser libre cours à son imagination.

Entre illusion et réalité, les êtres forment inconsciemment et de manière fortuite des images qu’on pourrait croire sorties de l’univers d’Edward Hopper.
Isolés, perdus dans la ville démesurément grande, ces hommes semblent à la recherche d’autres êtres humains...Le silence règne comme dans un rêve ouaté ; pour preuve, des femmes installant au petit matin les transats sur une plage de Miami, parlant et riant à gorge déployée, nous n’entendons rien, tout juste le clapotis de la mer s’échouant sur la plage...

par Alexandra Calame et Mélanie Jourdan

Impressions villes, de Ronan Guillou

 

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