Chacun à leur manière, le photographe Rancinan et la journaliste Caroline Gaudriault travaillent depuis toujours la même matière : l’humain. Leurs parcours étaient destinés à se croiser.
« Métamorphoses » est une nouvelle étape dans le voyage entrepris par le photographe Rancinan et la journaliste Caroline Gaudriault au coeur de l’épopée humaine. Comme dans leurs spectaculaires précédents projets, tous emprunts de beauté, d’esprit et d’universalité, c’est en témoins éveillés de notre époque, de notre société et de ses grands bouleversements que ce duo alliant image et écrit a réalisé cette nouvelle fresque composite. Pour cette série d’images, constats des mutations qui secouent l’histoire contemporaine, Rancinan s’est référé à huit chefs d’oeuvres de l’art pictural. Huit icônes portant en elles-mêmes les plus anciens des grands enjeux humains, plus actuels que jamais. A travers Le Caravage, Bosch, De Vinci, Velasquez, Gericault, Delacroix, Matisse et le retable d’Issenheim, Rancinan établit avec éclat et maestria un constatengagé, forcément subjectif, mais puissamment symbolique sur l’évolution de l’Homme et de sa maison, la Terre.
Accompagnées par les textes ciselés et sensibles, loin de tout manichéisme, de Caroline Gaudriault, les images de Rancinan s’inspirent de l’iconographie des grands maîtres de la peinture pour stigmatiser les questionnements qui traversent toute la planète à l’heure de la mondialisation accélérée : l’écologie,
les mouvements migratoires, l’émancipation des populations opprimées, les libertés et droits fondamentaux, la « malbouffe » et la faim, la génétique et la course contre le vieillissement, les
guerres ethniques et économiques… L’ambition de « Métamorphoses » n’est ni de juger, ni de préconiser telle ou telle solution, mais simplement de dresser un bilan par un engagement artistique fort, et avec le recul de la lecture, de proposer des pistes de réflexion, d’ouvrir à nouveau le débat sur des problématiques inhérentes à l’histoire de l’homme, à son parcours depuis la nuit des temps.
Dans une scénographie tridimensionnelle, chacune des compositions visuelles de Rancinan plonge le spectateur dans chaque thématique, l’y confronte physiquement et émotionnellement, créant ainsi un
véritable choc, début d’un nouveau questionnement. En contrepoint à cette expérience plastique, les textes de Caroline Gaudriault accompagnant chaque image permettent au visiteur de prendre un temps de pause et de réflexion, de se poser à nouveau des
questions parfois oubliées. Celles que le photographe et la journaliste se posent et nous posent. C’est pourquoi Rancinan et Caroline Gaudriault ont sollicité l’analyse de grands penseurs de notre époque, pour chaque thème symbolisé par chaque image.
Ce sont par exemple les propos de l’essayiste et Prix Albert Londres Jean-Claude Guillebeau qui illustrent
et prolongent la nouvelle représentation que Rancinan fait du « Radeau de la Méduse », rebaptisé ici « Le Radeau des Illusions », sur le thème des mouvements de population à l’échelle planétaire. Stéphane Hessel, historien et coauteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, revient sur les libertés et leur respect dans nos civilisations, face à la ré interprétation de « La Liberté guidant le Peuple » de Delacroix en « La Liberté dévoilée » signée Rancinan. Ou bien encore les pistes de réflexions du généticien Axel Kahn ou du Cardinal Barbarin sur la question de la génétique et plus généralement sur les possibilités de manipulation et de mutation du corps humain rendues possibles par la science.
Soit treize conversations denses, loin de toute pensée unique, menées par Caroline Gaudriault, et constituant dans la scénographie le complément essentiel à l’impact des images de Rancinan. Cet ensemble de « Métamorphoses » sera complété par une série d’images intitulée « Natures Mortes » : une évocation photographique onirique dans laquelle Rancinan nous propose une collection d’insectes, issus de nouvelles espèces hybrides et « fictionnées ». Ces apparitions sont peut-être le préambule
des multiples mutations que subira notre planète, faune et flore, mais aussi espèce humaine, dans les prochaines décennies. C’est une alerte que nous lance Rancinan, certes pleine de beauté et de poésie, mais bel et bien une alerte pour notre futur. Les « Métamorphoses » et les « Natures Mortes » que nous donnent à voir Rancinan et Caroline Gaudriault ne constituent pas des réponses, encore moins des solutions face à ces questionnements omniscients. Elles sont une étape supplémentaire dans le parcours de deux incessants promeneurs du monde, agrégeant sans relâche, et dans une fièvre créatrice, leurs images et leurs mots pour témoigner
et éclairer momentanément l’interminable chemin qu’est celui de l’homme.
Les neuf tableaux photographiques de Rancinan composant « Les Métamorphoses » sont toutes présentées sous forme de tirages argentiques, sous diasec et bord noir affleurant.
Elles réinterprétent de manière contemporaine des oeuvres majeures jalonnant non seulement l’histoire de l’art, mais également notre Histoire :
– « Métamorphoses I » :
Le Radeau des Illusions, Paris, février 2008, 180x265cm,
d’après l’oeuvre de Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1819.
– « Métamorphoses II » :
Le Jardin des Délires, Paris, avril 2008, 180x300cm,
d’après l’oeuvre de Jérôme Bosch, Le Jardin des Délices, 1504.
– « Métamorphoses III » :
La Liberté dévoilée, Paris, juin 2008, 180x246cm,
d’après l’oeuvre d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le Peuple, 1830.
– « Métamorphoses IV » :
The Big Supper, Los Angeles, septembre 2008, 180x300cm
d’après l’oeuvre de Léonard De Vinci, La Cène, 1494-1498.
– « Métamorphoses V » :
Don’t kill your Brother, Paris, octobre 2008, diptyque de 2 tirages de 226x180cm chacun,
d’après les oeuvres du Titien, Cain et Abel, ca. 1570 et de Pietro Novelli(1603-1647), Cain et Abel.
– « Métamorphoses VI » :
Les Ménines, Los Angeles, janvier 2009, 180x234cm,
d’après l’oeuvre de Diego Velasquez, Las Meninas, 1657.
– « Métamorphoses VII » :
La Danse des Nains, Paris, mars 2009, 180x262cm,
d’après l’oeuvre d’Henry Matisse, La Danse, 1909-1910.
– « Métamorphoses VIII,IX, X » :
Naître et mourir, retable, Paris, juin 2009,
2 tirages latéraux de 180x142cm et un tirage central de 180x285cm,
d’après l’oeuvre de Matthias Grünewald, Le Retable d’Issenheim, ca. 1512.