Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar ont pu s’introduire, non sans risques, dans des camps de travail, les “bateys”, grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy, présents sur le terrain pour aider, défendre ces hommes, femmes et enfants réduits en esclavage. Ce qu’ils proposent comme photos et archives sonores est sans détour. Un témoignage cru, mais plein d’humanité, sur ce qui a été longtemps du domaine de l’inconcevable et du fantasme.
C’est lors d’un premier reportage photo au “bateys Mamey” pour une association humanitaire, de décembre 2004 à janvier 2005, que Céline Anaya Gautier rencontre le père Christopher Hartley. Grâce à lui, elle entrevoit les conditions de vie des “braceros”. Elle programme alors un deuxième voyage, cette fois accompagnée d’un ingénieur du son. L’idée : révéler une réalité par l’image et impliquer les populations des bateys par leurs chants.
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar séjournent ainsi dans les bateys de la région frontalière dominicaine-haïtienne et dans la région de San Pedro de Macoris, de mars à mai 2005. Ils par tagent la vie des coupeurs de cannes haïtiens et des habitants des « bateys ». Ne devant pas être repérés pour leur propre sécurité, ils accompagnent comme « missionnaires », les deux pères catholiques, Hartley et Ruquoy. Leur reportage est un cri d’alerte. On y voit l’existence d’hommes, de femmes, d’enfants, résignés, terrifies, réduits à l’état d’animaux de somme , considérés et destinés à finir leur vie comme tels, sans aucun recours depuis plusieurs générations et peut être encore pour longtemps. Quelques semaines après ce reportage, le père Pedro Ruquoy est renvoyé en Belgique, après avoir partagé 30 ans de sa vie avec les coupeurs de canne. Il lui est reproché de trop médiatiser la situation des bateys. Certains industriels du sucre l’ont condamné à mort...
Cette exposition inédite se compose de 80 clichés dont certains ont déjà été publiés dans Match du Monde, Courrier International... Les ambiances sonores complètent ce travail : coupe de la canne , canne qui brûle, symboles de l’exploitation. Par ces voix, diffusées durant l’exposition, les populations des « bateys » acquièrent une réelle présence dans l’événement.