De Vorkouta, ville glaciale et oubliée, Sergei Isakov embarque notre regard à travers une lumière particulière, celle des endroits proches du cercle arctique afin d’accentuer le passé glorieux de bâtiments aujourd’hui en ruine. Aussi, il suggère en filigrane une présence pesante ; celle d’un gardien de goulag épiant ses moindres faits et gestes… Une image de ce croisement de rue devient alors une porte de sortie de ce milieu si peu hospitalier, si froid...
(…) La ville préférée de Sergei Isakov est Vorkouta. Encore une fois parce que le temps y est figé à cause du
froid ou peut-être à cause de l’entropie croissante de la Russie. « Même les panneaux sur les magasins sont
restés de l’époque soviétique, - raconte Sergei avec une certaine joie. - Il n’y a pas de supermarchés, à leur
place : « Gastronom », « Khleb », « Bakalea », tout à l’ancienne ». Isakov prend en photo Vorkouta comme une
ville fantômes – un lieu mystérieux dont les origines et le but de l’existence sont inconnus. Le bus sur le
piédestal, par exemple, se présente comme un monument des espoirs soviétiques liés à l’exploitation du Nord de
la Russie. C’est l’apothéose d’un absurde remarquable, du culte des morts. C’est une version russe du sphinx
égyptien à Guizeh… par Loudmila Lounina