La personnalité singulière d’Eugène Atget (1857-1927) est devenue légendaire. Sans avoir reçu de formation à proprement parler, il embrasse la profession de photographe après s’être essayé, sans grand succès, à divers métiers. Atget commence à prendre des photographies vers 1888. Au début, il cherche à rassembler des paysages et des motifs, puis des images de rues parisiennes, pour les vendre à des artistes à titre de modèles. Rapidement, il élargit sa clientèle. Parmi ses acheteurs habituels figurent peintres, illustrateurs et artisans, collectionneurs, amateurs d’histoire et d’art et, finalement, de nombreuses institutions comme le musée Carnavalet ou la Bibliothèque nationale. Atget appelle ses photographies des “documents pour artistes” sans jamais revendiquer pour lui-même la moindre ambition artistique.
Atget photographiait le vieux Paris, c’est-à-dire les quartiers épargnés par le vaste chantier de rénovation urbaine que le baron Haussmann avait lancé dans les années 1850. Il prenait des vues des rues et des façades aux heures les plus favorables, quand il n’y avait quasiment personne alentour, employant un appareil à plaques de 18 x 24 cm, qui garantissait un excellent rendu des détails d’architecture les plus infimes. On peut considérer que ses oeuvres marquent les origines de la “photographie documentaire du XXe siècle”, et donc de tout le débat sur la subjectivité inhérente à la photographie. Ces images et leur réception jouent un rôle capital dans l’histoire de la photographie de ce siècle. Mais c’est son extraordinaire modernité qui, dès les années 1930, retient l’attention de Walter Benjamin et inspire des photographes comme Man Ray, Berenice Abbott ou Walker Evans. L’œuvre d’Atget séduisit les surréalistes par l’aspect étrangement désert de ses paysages urbains
Cette rétrospective, qui réunit des images très connues et d’autres demeurées inédites, dresse un portrait atypique de la capitale, loin des clichés de la Belle époque. Le visiteur y découvre les rues du Paris d’antan, les jardins, les quais de Seine, les anciennes boutiques et les petits métiers ambulants. Les photographies d’Atget révèlent en outre l’évolution de sa démarche : à ses débuts, cet autodidacte cherche à rassembler des paysages et des motifs, puis des images de rues parisiennes pour les vendre en tant que modèles aux artistes. C’est à partir du moment où il se consacre aux rues de Paris qu’il retient l’attention d’institutions prestigieuses comme le musée Carnavalet ou la Bibliothèque nationale, qui vont alors devenir ses principaux clients jusqu’à la fin de sa vie.
En outre, au sein du parcours de l’exposition, une salle est consacrée à la présentation d’un ensemble de 43 tirages du photographe, collectionnés dans les années 1920 par l’artiste américain Man Ray : cet album, aujourd’hui conservé à Rochester (Etats-Unis), permet de mieux comprendre l’influence d’Atget sur les Surréalistes. En regard des tirages d’Atget, le public découvrira également le travail d’Emmanuel Pottier (Meslay-du-Maine, 1864 - Paris, 1921), son contemporain pratiquement inconnu, qui, à l’instar d’autres photographes, a exploré le sujet du Paris pittoresque.
Langue : Français
Éditeur : Gallimard
Date de Publication : Mars 2012
Type Reliure : Relié
Pages : 343
ISBN 10 : 2070135160
ISBN 13 : 978-2070135165