Un livre tout « vrai et drôle » comme elle, un livre « Peace and Love », un livre qui me rappelle les années 70, avec toute sa fraîcheur. Un bel objet que les fans s’arracheront, pleins des tendresses et des messages de vie et de joie. C’est un « oiseau piment » cette Olivia Ruiz ! De nombreux documents, archives personnelles, manuscrits, quelques belles photos de Sylvan Gripoix, Pierre Terrasson. Des séquences rédigées comme de petites nouvelles reviennent ainsi sur le parcours fulgurant de la chanteuse effervescente.
C’est une voix qui vient du fond du coeur, du fond des tripes : Olivia Ruiz parle vrai et drôle, mêlant bagou ravageur et tempérament obstiné. Elle entrouvre ici la porte de sa petite cuisine intime oû se tient en bonne place sa famille, esquisse un pied de nez aux jours mauvais, divulgue ses secrets de fabrication, ses influences et filiations bigarrées, dévoile ses manuscrits et joue le jeu des correspondances affectives et musicales.
Olivia Ruiz, artiste généreuse et femme épicée, révèle les sources effervescentes de sa création. On est dansl’antichambre d’Olivia Ruiz, oû sourdent les sources vitaminées de sa création : les portraits hauts en couleurs de sa famille de sang (les parents, les tatas, les tontons, les mamies, etc.) et de sa famille de coeur (Dionysos, Têtes Raides, Juliette, Françoise Hadji-Lazaro, etc.) s’y côtoient ; les influences et filiations bigarrées s’y entrechoquent (Joann Sfar, Tim Burton, la chanson réaliste de Fréhel et de Piaf, les accents de Carlos Gardel et d’Astor Piazzola)
Tout est passé au crible du bagou d’Olivia : le Sud-Ouest, l’Espagne, l’immigration, le café familial à Marseillette, l’enfance, la cuisine, les films, la musique, du juke-box au rock alternatif.
Les premières lignes
C’est étonnant, cette petite voix du fond du coeur ou du fond des tripes qui te demande un jour pourquoi cette douleur dans ta voix quand tu chantes en espagnol et qui m’a poussée à m’intéresser à ce qui m’a donné ce sang chaud. Moi, l’adolescente branleuse qui ne pensait qu’à chanter, aux garçons et à faire la fête, je ne savais pas comment débuter cette quête ni même si elle était si légitime que ça. Alors, je suis allée vers l’évidence, la musique. J’ai chanté ces racines, de la BO de Talons aiguilles aux chants révolutionnaires tels que Che Guevara ou Ay Carmela, ou encore le flamenco traditionnel (du moins le peu que j’en connaissais), comme si ma voix allait me donner des réponses, me montrer la voie. Je sentais si fort que cette langue changeait mon timbre, et pas seulement du fait de la rondeur de ses sonorités. Non, je gagnais de la profondeur, elle se mettait à transporter des choses indicibles, de ces choses qui circulent dans le sang ou dans les zones les plus obscures de notre corps. Des choses transmises de façon inexplicable, que l’on devine quand on connaît le champ d’exploration, dans une attitude, un geste, un regard, une larme, la cuisine, les lectures... Alors, j’ai observé. J’ai observé papi Pierre, Espagnol de naissance dont le père est né à Alger, qui revendique sa nationalité française et n’est pas tendre avec les minorités. Mais à 84 ans, à part tenter discrètement de l’empêcher de voter, nous n’essayons plus de le raisonner. Près de lui, sa femme, mamie Pépita, qui entretient fièrement ses racines en utilisant des expressions espagnoles, en maintenant le lien familial, et dont la paella redonnerait de l’appétit à Kate Moss. Mamie Rita, elle, tient beaucoup à ce que nous sachions d’oû l’on vient, donc c’est de l’ail et des gueulantes à toutes les sauces, tout un folklore à elle seule. C’est déconcertant comme chacun a souffert à sa façon de cet exil, et comme chacun tente d’en soigner les blessures, à sa façon aussi.
par Olivia Ruiz
Langue : Français
Éditeur : Textuel
Date de Publication : Décembre 2007
Type Reliure : Broché
Pages : 112
ISBN 10 : 2845972504
ISBN 13 : 978-2845972506
Dimensions : 21 x 21 cm