Dans ce travail, Stéphane Couturier s’intéresse à la contamination du paysage par l’influence humaine. Celui-ci démontre à travers ses images que nos paysages, et notre manière d’aménager l’espace devient de plus en plus générique et uniforme. Les couleurs des clichés réalisés dans un endroit désertique sont ternes et semblent toutes tirer vers le gris et le brun, formant une homogénéité, accentuant le côté uniforme des paysages.
Dans la formation de cet univers suburbain, le côté pragmatique, utilitaire l’emporte sur la singularité : C’est ainsi que nous découvrons des banlieues tentaculaires où les maisons, toutes identiques, semblent s’être posées là par erreur. Des paysages totalement déshumanisés nous apparaissent, dépourvus de charme et d’histoire. Nous y découvrons des chantiers de constructions, quelques voitures, des routes et des palmiers venant d’être plantés ; pour égayer le paysage. Il est presque impossible de distinguer des êtres humains dans le cadre, qui ne donne à nul l’envie d’y entrer. Dans ce travail, il est clair que Stéphane Couturier privilégie le fond à la forme.
Ce travail a été réalisé à San Diego aux États-Unis, tout près de la frontière du Mexique. Stéphane Couturier témoigne de la nouvelle technique américaine du “landscaping” qui permet de réaménager des territoires même désertiques, pour créer un archipel suburbain. De ces aménagements naissent des communautés dites homogènes en terme de race, ou de classe sociale. Une fracture réelle est en train de se creuser : Les séparations sont symbolisées par les lignes traversant le cadre, et par les monochromes des maisons, renforçant l’idée de communauté. Les photographies permettent également de voir que la dimension sociale de ces emménagements n’a pas été prise en compte. On ne distingue aucun établissement qui pourrait rassembler des âmes. Pas de cinéma, pas de centre sportif, pas de parcs...
Le travail de Stéphane Couturier propose des polyptiques, où chaque image peut se substituer à l’autre, mettant ainsi en valeur le côté impersonnel et uniforme de ces aménagements. Stéphane Couturier réalise ici un travail social extrêmement pertinent. Il affirme qu’ici, les questions de sécurité ne sont qu’un prétexte pour écarter les individus dits non-désirables. Toute la mise en place de ces habitations favorise l’isolement, l’absence d’échange entre les habitants. Tout suggère que l’on va vivre dedans, que l’extérieur est hostile.
Stéphane Couturier est né en 1957. Il vit et travaille actuellement à Paris. Il est représenté par la Galerie Polaris à Paris et Laurence Miller à New York. Il a exposé dans divers galeries et musées dans le monde, notamment à la Bibliothèque nationale de France à Paris, au musée d’art et d’histoire à Belfort, à la Rena Bransten Gallery à San Francisco... Il a également participé a diverses expositions collectives, et a obtenu le prix Niepce en 2003.
par Alexandra Calame
Langue : Français
Éditeur : Ville Ouverte
Date de Publication : Octobre 2002
Type Reliure : Broché
Pages : 26
ISBN 10 : 2951878303
ISBN 13 : 978-2951878303
Dimensions : 40x30 cm
Poids : 436 g