Homo détritus

Aujourd’hui, la gestion des déchets notamment plastiques à l’échelle planétaire est plus préoccupante que jamais. La République démocratique du Congo fait partie des pays les plus touchés par la déresponsabilisation des puissances industrielles qui délocalisent et sous-traitent le problème, érigeant de vastes décharges sur son sol. Classée 8e population la plus pauvre au monde alors qu’elle possède l’un des sous-sols les plus riches, la population congolaise est envahie par les déchets de produits manufacturés à partir de ses propres ressources et labeur, mais à l’usage des autres. Des montagnes d’ordures qui ensevelissent les bidonvilles de Kinshasa est né un mouvement contestataire d’art populaire.

Vêtue de masques et de costumes fabriqués à partir de détritus, une génération d’enfants des rues et d’artistes de l’Académie des beaux arts de Kinshasa s’est rassemblée au sein du collectif “Ndaku ya la vie est belle”. Fondé en 2015 par le plasticien Eddy Ekete, le collectif réunit vingt-cinq artistes qui puisent leur inspiration dans les arts vestimentaires ancestraux tout en dénonçant le désastre écologique que subissent les Congolais.

Pour rendre compte de leur lutte et de leur inventivité, Stéphan Gladieu réalise une série de portraits totémiques, qui croise photographie documentaire et pratique artistique. Dans un studio in vivo installé en pleine rue, au contact des Kinois, il met en lumière les silhouettes surréalistes et les éclatantes couleurs des créations de ces artistes militants.

Introduits par le romancier Wilfried N’Sondé, ces portraits racontent le talent créatif qui se transmet malgré les offensives du consumérisme.

Cet ouvrage participe à la promotion de l’Art Faber et a été réalisé avec le soutien du Lab. Arts & Entreprises de EDMP / Université Paris Panthéon-Assas et du Collectif de l’Art Faber artfaber.org

Homo détritus

de Stéphan Gladieu, Wilfried N’sondé